IDAVOLL

Norvège - "Fermiers à terre, Vikings en mer": des tombes inconnues et des traces d'habitations refont surface grâce au géoradar

L'automne dernier, les archéologues ont découvert à plusieurs endroits le long du fjord de Trondheim, un certain nombre de tombes jusqu'alors inconnues et des traces de peuplement qui ne sont plus visibles à l'œil nu. Les données du géoradar pourraient les aider à faire la lumière sur la formation de l'État et le changement de religion en Norvège il y a mille ans.

Le projet de recherche "Fermiers à terre - Vikings en mer", dirigé par l'archéologue Geir Grønnesby du Musée de l'Université norvégienne des Sciences et de la Technologie (NTNU), a pour objectif d'étudier l'évolution de la société et les événements qui ont conduit à la célèbre bataille de Stiklestad, le 29 Juillet 1030 - et tout particulièrement les changements historiques majeurs qui se sont produits dans le district de Nordmøre et le comté du Trøndelag.

Pour commencer, 3 localités s'étendant sur 35 hectares ont fait l'objet d'un sondage par un radar à pénétration de sol motorisé durant 2 semaines à l'automne 2022: Storfosna (commune d'Ørlandet), Vinne (commune de Verdal), Vinnan et Auran (commune de Stjørdal).

Ces zones ont été sélectionnées en raison du nombre de découvertes intéressantes trouvées avec des détecteurs de métaux et d'après des analyses de photos aériennes, qui indiquent la présence de grandes fermes dès la fin de l'Âge du Fer et jusqu'à l'Âge Viking.

En conséquence, les archéologues s'attendaient à voir apparaître sur les relevés du géoradar des traces de maisons, de tertres funéraires, voire d'autres structures. La qualité des résultats qu'ils ont obtenus n'a pourtant pas manqué de les surprendre.

 

Des maisons et des tombes inconnues

Norvège -  Vue aérienne de champs à Vinne montrant des traces d'habitations et de sépultures de l'époque viking - Photo: Lars Forseth/ municipalité du comté de TrøndelagGrâce au drone et à la photographie aérienne, les chercheurs savaient qu'il y avait de nombreuses traces archéologiques cachées sous les champs de Vinne, parmi lesquelles plusieurs sépultures. Les données du géoradar ont non seulement pu confirmer l'emplacement du site funéraire, mais ont également permis de détecter d'autres tombes jusqu'à présent inconnues et invisibles à l'œil nu depuis la surface.

Au total, l'équipe de Geir Grønnesby a répertorié 31 tombes, dont 2 tumuli de forme oblongue, 6 tumuli ronds, 8 en forme d'étoile, ainsi que de grosses pierres dessinant les contours d'une éventuelle tombe naviforme de 48 mètres de long sur 17 mètres de large.

À cela s'ajoute la découverte de plusieurs maisons longues de l'Âge du Fer probablement liées à ce cimetière.

D'après leur interprétation des résultats de ce sondage, Vinne s'avère être un complexe agricole beaucoup plus important à l'époque viking que ce à quoi ils s'attendaient au départ, un immense domaine avec plusieurs maisons, un grand cimetière et des routes.

 

Une méthode de recherche non-intrusive

"Une grande partie des connaissances que nous avions auparavant sur les zones d'investigation provenaient d'analyses de découvertes en vrac, de la détection de métaux, de drones, de photos aériennes et de données LIDAR.  Avec les relevés géophysiques, nous avons également une occasion unique de 'voir' sous la surface du sol sans prendre une bêche", déclare l'archéologue Manuel Gabler, en charge des relevés du géoradar et de la lecture des données.

Les relevés géophysiques sont l'une des nombreuses et très récentes méthodes technologiques dites "non intrusives", c'est-à-dire qui n'interfèrent pas directement avec le sous-sol, de plus en plus utilisées par les archéologues à travers le pays. 

Le géoradar contrôlé par GPS et attaché à un quatre roues motrices peut couvrir 3 à 4 hectares par jour. "Grâce à des logiciels capables de traiter de grandes quantités de données en peu de temps, nous pouvons avoir les résultats en quelques jours seulement", précise Gabler.

"Nous obtenons également un plus large éventail de vestiges culturels qui complètent l'image que nous avons de la société à la fin de l'Âge du Fer. Les tombes, les routes et les bâtiments sont les choses les plus courantes que nous voyons. Nous espèrons aussi retrouver des traces d'activités commerciale et artisanale", explique-t-il.

 

Une ferme au centre des événements

Les investigations menées dans le Trøndelag l'automne dernier montrent le fantastique potentiel du radar à pénétration de sol pour la recherche sur de vastes zones. S'il ne peut en aucun cas se substituer aux chantiers de fouilles traditionnels, il en est un très bon complément, notamment pour le recensement archéologique.

À présent, il reste aux archéologues le soin d'étudier plus avant certaines de leurs découvertes. Il s'agit, selon Manuel Gabler, de mieux comprendre ce qu'ils voient dans les données.

"La ferme se trouvait au centre des événements de la fin de l'Âge du Fer. Par conséquent, c'est la ferme elle-même et ses structures complexes qui sont le point de départ de la discussion sur les bouleversements considérables qui ont eu lieu à l'époque viking et au début du Moyen Âge",  souligne Geir Grønnesby.

 

En vue du millénaire en 2030

Le projet de recherche est une collaboration entre le Musée des Sciences NTNU, le Museene Arven, le conseil du comté de Trøndelag et l'Institut norvégien de Recherche sur le Patrimoine culturel (NIKU). " Avec de si bons résultats dès les premières enquêtes, nous nourrissons de très grands espoirs concernant ce que nous pourrons retirer de ce projet", confie Geir Grønnesby.

"Il est probable que nous acquerrons maintenant beaucoup plus de connaissances sur les grandes fermes de l'Âge Viking et du début du Moyen Âge, et sur le rôle qu'elles ont joué dans le jeu politique et social qui s'est déroulé à l'époque précédant le changement de religion, en 1030" conclut-il.

"Pour nous au Museene Arven, participer au projet 'Fermiers à terre -Vikings en mer' est important à l'approche de la célébration du millénaire en 2030",  spécifie Bodil Østerås, archéologue au Museene Arven.

  • Source: www.niku.no (traduction et réécriture Kernelyd)

viking archéologie Trondheim tombe cimetière ferme Vinne bataille de Stiklestad

  • 1 vote. Moyenne 1 sur 5.

Ajouter un commentaire