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Norvège - Un important site de l'Âge Viking découvert à Bodø questionne les archéologues

L'étude des données collectées grâce au géoradar dans le comté du Nordland a permis de faire de nouvelles découvertes archéologiques passionnantes: 15 tertres funéraires, 32 fossés et 1257 fosses témoignent d'une importante activité humaine à Bodø à la fin de l'Âge du Fer et à l'Âge Viking, mais ils soulèvent également de nombreuses questions.

En novembre 2019, l'archéologue Arne Anderson Stamnes du Musée de l'Université norvégienne des Sciences et de la Technologie (NTNU) a procédé à de méthodiques allers-retours à travers champs, juste à l'est du camping de Bodø, à un peu plus de trois kilomètres du centre-ville. Derrière son quad, il tractait un géoradar. Ce dernier envoie des signaux électromagnétiques dans le sol, qui permettent ensuite aux archéologues d'obtenir une sorte de radiographie des structures qui peuvent se trouver à 2 ou 3 mètres de profondeur.

Dans leur rapport publié par le NTNU, les archéologues font état d'un site riche en vestiges datant de l'Âge Viking, mais personne ne peut expliquer de quoi 32 mystérieux fossés peuvent être la trace. 

 

L'un des plus grands tertres funéraires de la région

Les archéologues ont repéré, entre autres choses, la présence de 15 tumuli. "La taille et la conception des tertres funéraires sont typiques de la période allant de 650 à 950 - c'est-à-dire de ce que nous appelons l'époque mérovingienne et viking", a annoncé Stamnes. 

La plupart des tumuli datent probablement de l'Âge Viking et l'un d'entre eux semble contenir un bateau-tombe. Le plus grand mesure 32 mètres de diamètre et devait s'élever à 3 ou 4 mètres de hauteur, dominant tout le paysage. Il s'agit de l'un des plus imposants tertres funéraires connus dans la région, et pourtant, ce n'est pas lui qui a soulevé le plus d'enthousiasme parmi les archéologues.

Ils savaient en commençant leurs recherches que ces terres agricoles abritaient un ancien cimetière - c'est d'ailleurs en raison du risque de détérioration du site par le labour que la municipalité de Bodø et la municipalité du comté de Nordland ont diligenté une étude de la zone avec un géoradar. Mais ce qu'ils ignoraient auparavant, c'est qu'il y a d'autres traces des temps anciens qui ne ressemblent à rien de connu jusqu'alors.

 

32 mystérieux fossés 

Norvège - 15 tertres funéraires, 32 mystérieux fossés et 1257 fosses découverts sur un site de l'Âge Viking à Bodø - Illustration: NTNU Vitenskapsmuseet et NRKSur son écran, Stamnes a également dénombré 32 fossés, mesurant environ 50 centimètres de largeur. Ils dessinent dans le sol des formes ovales, presque toutes orientées dans la même direction, et personne ne semble savoir encore de quoi il peut s'agir, ni de quelle époque cela pourrait dater. "J'ai interrogé quelques collègues, mais jusqu'à présent, je n'ai rien trouvé de similaire dans d'autres fouilles. Il est donc difficile de conclure quoi que ce soit quant à leur nature", a-t-il déclaré.

"Il est probable que cela corresponde aux traces laissées par des fondations de maisons, étant donné leur forme et le fait que l'extrémité la plus étroite de la plupart des habitations étaient généralement orientée vers la mer - et donc probablement aussi dans la direction du vent dominant",avance prudemment l'archéologue. Seule l'analyse approfondie d'échantillons de terre permettrait de déterminer l'utilité de ces fossés et de révéler des traces d'activité.

Néanmoins, il précise qu'il n'a trouvé aucune trace de foyer sur le site, ce qui indique que cette forme de bâtiment n'aurait pu remplir qu'une fonction très temporaire, voire éphémère. "Peut-être que c'était des sortes d'étals de marché. Il est également possible d'interpréter de telles constructions comme des fondations de maisons semi-permanentes, appelées 'búðir' et connues en Islande pour former un lieu de rassemblement temporaire où la justice était rendue."

 

Le siège du pouvoir local?

Pour l'archéologue Jørn Erik Henriksen du Musée de l'Université de l'Arctique, à Tromsø, il sera impossible d'affirmer quoi que ce soit avec certitude au sujet de ces formes oblongues tant que le site ne fera pas l'objet de fouilles. Cependant, il estime que l'interprétation de Stamne n'est pas inintéressante: "Je suis fasciné par l'idée proposée ici, qu'il puisse y avoir des étals en lien avec le rassemblement de plus grandes foules sur place."

En outre, les données du géoradar ont permis de révéler 1257 fosses de différentes tailles. Là encore, il est difficile de savoir de quoi il en retourne. Il peut s'agir de tout et n'importe quoi: des fosses de cuisson, des trous de poteaux ou même rien de particulier. "Tout ce que nous pouvons dire, c'est que c'est un autre signe que ce site devait grouiller d'activités humaines", a souligné Arne Anderson Stamnes.

Il existe une théorie selon laquelle toute la zone alentour - y compris le site qui vient d'être cartographié - était autrefois le siège du pouvoir local. Il est tentant de penser que les résultats de cette étude viennent corroborer cette hypothèse. Néanmoins, avant d'en arriver à une telle déduction, Henriksen aimerait que de pareilles recherches soient menées sur d'autres sites dans la région.

 

Une famille puissante

Dans tous les cas, compte tenu de la taille et du nombre de tombes rassemblées dans ce cimetière, il ne fait guère de doute qu'une famille puissante a vécu ici. Huit des tertres funéraires sont de forme circulaire, tandis que sept sont de forme oblongue. Ces longs tumuli sont souvent interprétés comme étant des tombes féminines, ce qui serait cohérent avec le nombre de sépultures masculines sur le site.

"Cinq des monuments funéraires ronds ont un diamètre de plus de 17,5 mètres, le plus grand comme déjà mentionné est d'environ 32 mètres. Les longs monticules mesurent entre 17,7 et 29 mètres de long", a précisé Stamnes, avant de poursuivre: "Il faut beaucoup de ressources pour construire de si grandes sépultures, et il est donc plausible que les personnes enterrées ici aient eu un pouvoir de grande influence, à la fois localement et régionalement."

L'archéologue du comté, Martinus A. Hauglid, tombe d'accord avec son homologue: " La ferme de Bodø fut le siège d'un seigneur du Nordland - et plus tard celui du gouverneur du comté - au début du XVIIème siècle, tandis que l'église de Bodin à proximité est une église en pierre du Moyen Âge. Le cimetière dont l'existence a maintenant été prouvée témoigne qu'il y a eu un centre du pouvoir politico-religieux ici depuis la fin de l'Âge du Fer."

 

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