Angleterre - Les vestiges d'un camp de la Grande Armée viking mis au jour à Repton
- Le 23/11/2017
- Dans Archéologie
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Des ateliers d'un camp de la Grande Armée viking, datant de l'hiver 873-874, ont été découverts par une équipe d'archéologues de l'université de Bristol.
Le camp, situé dans le petit village de Repton dans le Derbyshire, est connu depuis les années 1970, mais ces nouvelles découvertes font état d'une zone beaucoup plus vaste, ayant accueilli des ateliers et des chantiers de réparations navales.
Les conclusions des recherches ont fait l'objet d'une émission, "Digging for Britain" sur BBC Four, ce mercredi 22 novembre, présentée par Alice Roberts, professeure à l'Université de Bristol.
Une première découverte controversée
Selon la Chronique anglo-saxonne, en 873, la Grande Armée "se déplaça de Lindsey à Repton et y prit ses quartiers d'hiver", chassant au passage le roi mercien Burghred et annexant son royaume. Le choix s'est porté sur Repton en partie en raison de son emplacement sur la rivière Trent, mais aussi parce que c'était le lieu d'un monastère qui abritait les sépultures de plusieurs rois merciens.
En 1975, une équipe d'archéologues, dirigée par le professeur Martin Biddle et Birthe Kjølbye-Biddle, a découvert une enceinte en forme de "D" sur les rives du Trent, couvrant environ 1,5ha, qui passait pour être le camp des Vikings.
Or, récemment, des doutes ont été émis quant à cette interprétation, certains ayant considéré que l'enceinte était trop petite pour abriter la Grande Armée, car un autre camp Viking à Torksey (Lincolnshire), couvre environ 26 ha. [cf. Les archéologues révèlent le camp de l'armée viking grâce à une expérience virtuelle inédite]
Un large éventail d'activités sur les camps vikings
Les nouvelles fouilles de Repton, dirigées par Cat Jarman et le professeur Mark Horton du département d'Anthropologie et d'Archéologie de l'Université de Bristol, se sont concentrées sur un secteur à l'Ouest et à l'extérieur de l'enceinte en forme de D.
La propection géophysique, avec le recours au radar à pénétration de sol, ont révélé des structures telles que celles de sentiers et d'éventuels vestiges de bâtiments éphémères.
Les fouilles ont revélé qu'il s'agissait de plateformes de gravier qui peuvent avoir accueilli des structures en bois temporaires ou des tentes, et qui contenaient notamment des fragments de meules saxonnes et le fragment d'une croix du monastère. À cela se sont ajoutés des pièces d'armement brisées, y compris les fragments d'une hache de guerre et des flèches, ainsi que des indices du travail des métaux.
Un nombre important de clous ont également été trouvés, dont deux sont typiquement des clous de navire Viking, ainsi que plusieurs pièces de jeu en plomb. Ces dernières sont similaires à celles qui ont été découvertes en grand nombre sur le camp de Torksey et semblent être spécifiquement reliés aux premières armées vikings.
"Nos recherches montrent qu'il y avait beaucoup plus au camp viking de Repton que ce que nous pensions jusqu'à présent", a déclaré Cat Jarman, étudiant en doctorat à l'Université de Bristol. "Cela couvrait une zone beaucoup plus vaste que celle qui était présumée - au moins le domaine de l'ancien monastère - et nous commençons maintenant à comprendre le large éventail d'activités qui ont eu lieu dans ces camps."
Un atelier reconverti en charnier
L'émission Digging for Britain évoque également de nouvelles découvertes passionnantes extraites de la recherche menée par Cat Jarman, et financée par Arts and Humanities Research Council (AHRC), au sujet d'un charnier découvert sur le site dans les années 1980.
Lors de précédentes fouilles, un tertre à quelques mètres au Nord du chantier actuel a révélé un charnier de près de 300 personnes, supposé être celui de guerriers vikings morts au combat. Toutefois, les précédentes datations au radiocarbone avaient indiqué que de nombreux os dataient du VIIème ou du VIIIème siècle, ce qui signifiait qu'ils ne pouvaient appartenir à l'armée viking.
Avec de nouvelles datations au radiocarbone et des analyses isotopiques modernes pour évaluer la consommation d'aliments d'origine marine, les recherches de Cat Jarman ont en fait démontré que les ossements correspondent tous à la date de 873, ce qui est donc tout à fait compatible avec un enterrement de vikings morts sur le champ de bataille.
Les dépouilles ont été placées dans un bâtiment anglo-saxon délibérément détérioré, peut-être un mausolée royal qui a été coupé et partiellement détruit, accompagnées d'armes vikings et d'artefacts. Le bâtiment contenait également des indices selon lesquels il avait été utilisé comme atelier par les Vikings avant qu'il ne soit transformé en charnier. L'équipe de Bristol a localisé un chemin reliant la zone des ateliers et le charnier, ce qui renforçe davantage le lien entre les deux.
De violentes mutilations
Une pièce du bâtiment était remplie des restes mélangés d'au moins 264 personnes, dont un cinquième étaient des femmes. Les quatre cinquièmes sont composés d'hommes la plupart âgés de 18 à 45 ans, et plusieurs d'entre eux montrent des signes de blessures violentes.
Une double tombe contenait deux hommes, dont le plus âgé a été enterré avec un pendentif du marteau de Thor, une épée Viking et plusieurs autres objets. Il a reçu de nombreuses blessures mortelles au moment du décès, dont une importante entaille au fémur gauche. Curieusement, une défense de sanglier avait été placée entre ses jambes, et il a été suggéré que la blessure pouvait avoir sectionné son pénis ou ses testicules, et que la défense était là pour remplacer ce qu'il avait perdu.
En dehors du charnier, une autre tombe recelait les dépouilles de 4 jeunes, âgés de 8 à 18 ans. Ils ont été enterrés ensemble dans une seule tombe avec une mâchoire de mouton à leurs pieds. À côté d'eux, de grosses pierres ont pu marquer l'emplacement de la tombe située près de l'entrée de la fosse commune. Au moins deux d'entre eux portent des traces de blessures traumatiques suggérant que cela pourrait avoir été une tombe rituelle, et ferait écho aux récits littéraires de meurtres sacrificiels pour accompagner les morts vikings dans l'au-delà.
"Bien que l'interprétation de cette tombe comme étant sacrificielle soit incertaine, la disposition délibérée de ces quatre individus, la mâchoire des moutons et la probable pierre tombale à proximité du monticule atteste de sa relation avec le charnier" d'après Cat Jarman.
Les réelles conditions de l'invasion viking
Les fouilles aident également à mettre en lumière les réelles conditions de l'invasion viking de l'Angleterre, récemment popularisée par des séries telles que Vikings (History Channel) et The Last Kingdom (BBC).
"C'est tellement passionnant de pouvoir revenir 30 ans plus tard et de pouvoir utiliser des méthodes archéologiques de pointe pour réévaluer nos travaux et nos conclusions antérieures. Tant de choses ont évolué en archéologie depuis les années 1980", s'est enthousiasmé le professeur Mark Horton, qui avait participé aux précédentes fouilles.
L'équipe sur le chantier comprenait des étudiants de premier cycle à Bristol, dont plusieurs dissertent à présent sur des objets découverts sur le site. L'équipe a également travaillé en étroite collaboration avec des groupes locaux tels que la Repton Historical Society, et continue l'investigation avec le Derby Museum quant à l'interprétation et la classification du matériel archéologique provenant des fouilles d'origine.
- Source: www.bristol.ac.uk (traduction et réécriture Kernelyd)
- Mise à jour: www.dailymail.co.uk
- BBC: Digging for Britain
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